Faut-il maitriser ses émotions ?

L’émotivité est un trait de caractère mal perçu dans notre société j’ai l’impression. Associée souvent à la fragilité, à tort selon moi, elle est de fait considérée comme un défaut. Pourtant, vivre pleinement ses émotions n’est ce pas un signe de confiance en soi et d’oser exprimer qui l’on est et ce qu’on ressent ?

Les pleurs

Quand on parle d’émotivité, on pense surtout aux pleurs ! Les larmes de joie, de tristesse, parfois même de colère.

Je pleure facilement, quelque soit l’émotion. Les larmes aux yeux ou le torrent de larmes. Cela vient naturellement, ce n’est pas du jeu, uniquement du ressenti qui s’exprime de cette manière. Je ne saurai retenir ces larmes, quand bien même j’essaye, elles sortent davantage quelques minutes plus tard.

Quelques souvenirs de larmes :

  • Au travail, à plusieurs reprises : expression parfois du stress, parfois d’une frustration
  • En écoutant mes proches me parler de leurs souffrances : expression de la tristesse
  • En assistant à des moments solennels : expression de la joie, de la fierté, de la communion
  • Après une séance de sport : expression du dépassement de soi
  • En regardant un spectacle, un film : expression de la beauté, de la transcendance

Je vous détaille le dernier point, en précisant le contexte, car ce souvenir restera gravé en moi tellement ma réaction m’a moi-même surprise ! A la fin d’un spectacle vivant sur le thème de l’amour, avec des acteurs récitant des textes, dansant, et des projections de mini reportages sur l’amour, j’ai littéralement fondu en larmes. Pas la larmichette discrète, mais plutôt le gros « chagrin ». J’avais du mal à m’arrêter et quand la lumière s’est rallumée, les acteurs ont peut être aperçu cette étrange spectatrice applaudissant tout en ayant le visage mouillé, les lunettes embuées et la bouche tordue des grimaces accompagnant souvent les larmes. Pourquoi tout cela ? C’était beau, putain c’était beau ! Je ne parle même pas du spectacle en lui-même, mais ce sujet de l’amour, c’est l’essentiel à mes yeux et mon corps a parlé !

L’hypersensibilité

On entend de plus en plus parler de l’hypersensibilité et c’est une très bonne chose car elle est souvent mal vécue par les hypersensibles eux-mêmes. Car à la fois pas acceptée en société où est mis en avant le sérieux ou la posture « à la cool », mais au grand jamais le laisser aller émotionnel. Elle est aussi handicapante pour l’hypersensible lui-même par le simple fait de ressentir tout puissance 1000, et ne le laisse pas se « reposer » émotionnellement parlant. D’ailleurs, psychiquement parlant également, car les émotions sont souvent le fruit de nos pensées.

Avant de croiser la route de ce mot, j’avais bien conscience que j’étais très sensible mais n’en voyais pas les bénéfices. Puis j’ai rencontré le terme, beaucoup lu et beaucoup entendu à ce sujet, et j’ai compris qu’on est nombreux à vivre l’hypersensibilité. Et que plus que des contraintes, c’est surtout une chance car nous vivons pleinement et ressentons entièrement ce qui se passe autour de nous et en nous. C’est une connexion aisée avec le monde et les humains. Et cela renforce l’intuition, qui est cette petite voix à écouter pour suivre sa voie. Pas si facile à faire, mais savoir qu’on a une intuition développée peut aider à franchir le pas pour réaliser ce qu’on se dit en nous.

L’empathie

L’empathie est un trait de caractère qui découle souvent de l’hypersensibilité. Une éponge à émotions comme on entend parfois. Qui a ses avantages et ses inconvénients.

Mon empathie (extrême ?) m’a poussé vers le végétarisme. Et pourtant je n’ai jamais été à l’aise avec les animaux, mais comprendre et voir ce qui se passait pour eux pour produire ces mets, aussi bons soient-ils, a fini de me convaincre que je ne voulais plus les manger. Même si ma contribution dans ce domaine ne fera pas fermer les abattoirs, mais cela m’est venu naturellement, physiquement je ne pouvais plus en manger. C’est un sujet qui déchaine les débats et mon but n’est pas de porter de jugements. Je vous livre d’ailleurs ma plus grande faille : je ne cautionne pas non plus ce qui est fait des animaux dans l’industrie laitière et pourtant je suis une énorme fan de fromages et même si j’essaye de ne plus en acheter à la maison, je me rue aisément dessus à l’extérieur.

Mon empathie a souvent fait de moi l’amie à l’écoute. L’amie compréhensive. Et je pense que cela aide globalement dans toutes les relations sociales, car se mettre à la place de l’autre aide à comprendre son point de vue et son ressenti à lui. On est chacun différent et on interprète les réactions d’autrui par son propre prisme de valeurs et sa propre histoire. Et essayer de mettre les lunettes de la personne en face de soi aide davantage à cerner pourquoi tels propos, telles réactions, telles actions. Cela ne les excusent pas forcément, et ne veut pas non plus dire qu’on cautionne ou qu’on adhère, mais nous fait rappeler qu’on est tous différent.

L’empathie a parfois quelques désagréments, même si je relativise ce dernier point car il peut sembler égoïste de prime abord : on absorbe les émotions de son entourage. L’inconvénient est quand elles sont négatives. On peut être réellement triste ou stressé ou en colère quand son entourage ressent en lui ces émotions. Pour ma part, j’ai presque réussi à me défaire des deux dernières émotions que j’arrive mieux à bloquer hors de moi quand elles sont ressenties par autrui. Par contre, la tristesse de mes proches ne peut que me rendre triste. Et comme dit précédemment, je relativise vraiment ces lignes car c’est sûrement tout naturel d’être triste quand ceux qu’on aime le sont.

Le regard des autres

Exprimer facilement ses émotions a du bon pour soi car cela libère. Mais parfois l’émotivité s’accompagne du sentiment de gène ou de honte. Car on sent qu’il faut savoir rester maitre de ses émotions en société. Pleurer devant « public » te fait passer pour faible. T’esclaffer te fait passer pour vulgaire. T’énerver te fait passer pour fou.

On a l’impression d’être jugé quand on se laisse aller à nos émotions. Et je pense malheureusement que c’est souvent le cas. Pour sûr par ceux qui justement ne se laissent pas aller à leurs émotions, mais parfois aussi par les émotifs eux-mêmes. En effet, en tant qu’émotif on n’assume pas toujours l’expression naturelle de nos ressentis. Du fait du regard des autres justement. Alors on juge aisément quand cela se produit chez autrui, quand bien même on est pareil.

Dans notre société de l’apparence, Instagram et Facebook sont devenus le CV de chacun, passant désormais beaucoup trop de temps à se photographier / se faire photographier devant les paysages qu’on rencontre ou lors de nos activités à haute valeur photogénique. Dans ce contexte là, la perfection de soi et de ce qui nous entoure est primordiale. La perfection s’est quand rien ne dépasse, quand tout est en ordre, il y a un coté robotique à l’affaire. Et donc antinomique avec le lâcher prise et donc l’expression pleine et sincère de nos émotions. Incontrôlables, donc imparfaites.

Dans quels cas cela peut il être néfaste ?

Je pense pertinemment, même si ma prise de conscience à ce sujet est récente, qu’être émotif a du bon et qu’il faut privilégier ce laisser aller émotionnel. Mais j’observe quand même certains cas où cela peut être dérangeant.

Ne fais pas aux autres ce que tu n’aimerais pas qu’on te fasse. C’est bateau et cela résume pourtant une des plus grandes vérités de la vie. De cela me vient la conclusion suivante : les émotions négatives personnelles, exprimées vers quelqu’un étranger à la situation provoquant cette émotion, devraient être contrôlées dans la mesure du possible. J’entends, une colère ou un stress ressenti pour une raison donnée qu’on exprimerait le soir en rentrant à la maison contre ses proches : essayons de proscrire cela. Pas simple mais l’avoir en tête aide davantage à revoir sa ligne de conduite quand on se dirige vers ce mauvais chemin.

Je relativise encore une fois mon propos car je pense qu’il est sain et vitale d’exprimer ses émotions négatives (les positives s’expriment bien souvent plus naturellement), mais je pense qu’il faut faire attention à ce qu’elles se dirigent vers les bonnes personnes et également dans le respect.

La liberté d’être soi

Pour finir, je pense que se laisser aller à ses émotions est en quelque sorte un choix. J’entends, pas un choix physiologique car on a souvent du mal à retenir ses larmes par exemple. Mais un choix conscient pour bien vivre cela.

Être émotif c’est vivre pleinement ce qu’on ressent. Cela donne des clés de lecture supplémentaire à notre entourage pour nous comprendre. Mais cela nous donne aussi la clé de notre inconscient.

Exprimer ses émotions peut se faire en plus d’une expression verbale, mais parfois l’expression de ses émotions est la seule expression que nous arrivons à produire suite à un évènement. Cela peut donc nous permettre d’accéder à une partie de nous enfouie, niée. Accéder à son inconscient c’est mettre en lumière ce qu’on n’ose pas se dire et cela ne peut que mener à une réalisation encore plus profonde de nous même. Et plus on est conscient de qui l’on est VRAIMENT, plus on est libre, dans nos choix notamment. Et plus on est heureux et en joie d’exister !


Je tiens à toujours garder un lien entre le thème de ce blog et mes articles. Et le lien pour celui-ci n’est peut être pas évident d’emblée. Il l’est pour moi dans la mesure où cette démarche vers le minimalisme ne fait que mettre en lumière, pour moi-même, qui je suis réellement. En effet, j’observe que le minimalisme a un lien avec l’identité et j’en parlerai dans un prochain article… 🙂

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5 réflexions sur “Faut-il maitriser ses émotions ?

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  3. Une amie sophrologue m’a expliqué qu’il existe une différence entre contrôler ses émotions et maîtriser ses émotions. Je ne saurais pas redire exactement la différence, mais j’ai retenu que contrôler ses émotions c’est pas bien, et maîtriser ses émotions c’est bien.
    Pour ma part je suis toute déréglée. J’en ai parlé dans mon blog, je suis déconnectée de mes émotions, selon toutes vraisemblances. Par exemple aussi je me suis longtemps retenue de pleurer, et aujourd’hui je n’arrive plus à pleurer…

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      1. Je ne sais pas… comme j’ai eu l’occasion de le dire dans mon blog, je suis assez violente envers moi-même, peut-être que c’est effectivement une manifestation de quelque chose qui ne sort plus autrement, je n’avais jamais pensé à la chose comme ça !

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